Une utilisation intelligente du bois urbain à Londres
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Le platane commun, ou London plane (Platanus x acerifolia), est un hybride entre le platane d’Occident et le platane d’Orient.La ville de Londres a dû faire abattre un de ces platanes qui se trouvait sur Eric Street, où il abritait toutes sortes d’insectes et captait obligeamment le carbone émis dans la capitale du smog depuis environ 130 ans. Malheureusement, l’essor immobilier dans l’East End ces dernières décennies l’avait rendu dangereux, et il a été décidé de l’abattre. Avec le renouveau de l’intérêt pour l’achat de produits locaux, le bois urbain est devenu une ressource de valeur susceptible d’intéresser les acheteurs de meubles soucieux de l’environnement.
Après l’abattage du platane, celui-ci a été laissé de côté pendant dix-huit mois avant d’être transformé en une pile de planches susceptibles d’être valorisées. Le platane d’Eric Street a donné plusieurs coupes remarquables, dont de magnifiques planches sur quartier au grain moucheté distinctif évocateur de dentelle, susceptibles de donner de beaux objets de qualité.
Mais ce platane généreux, planté entre 1880 et 1890 pour décorer les alignements de maisons de l’époque victorienne dans Mile End, sera aussi utilisé par les écoles du quartier pour fabriquer des tables pour les activités scolaires, pour initier des groupes d’élèves au travail sur du bois vert, et par une association qui aide les anciens détenus et anciens alcooliques ou drogués à retrouver un chemin vers l’insertion sociale.
L’équipe Wood-Mizer UK et la scierie LT20 sont arrivées sur le lieu où étaient stockées les planches avec toutes sortes de visiteurs et de curieux désireux de découvrir cette machine incroyable et d’aider à évacuer les planches converties de la scierie vers l’empilement.
Après la démonstration par David Biggs, directeur de Wood-Mizer UK, de l’avantage mécanique procuré par l’utilisation d’un crochet à équarris, simple manche en bois muni d’un crochet d’acier, les garçons ont pu s’amuser à faire rouler les billes sur les bras hydrauliques de la LT20. La machine accepte des billes d’un diamètre pouvant aller jusqu’à 800 mm, ce qui signifie que la pièce à scier doit être débarrassée de tous les moignons de branches, sinon elle restera coincée dans le gosier de la tête de sciage.
Une fois que la pièce à travailler est placée sur le banc de la Wood-Mizer, le système de bras hydrauliques de chargement, les supports latéraux, les retourneurs et les crampons aident à orienter le bois pour que celui-ci puisse être scié sur quartier (c’est-à-dire scié avec la lame tangente aux anneaux de croissance, pour faire apparaître le décor en dentelle convoité). La scierie Wood-Mizer a donné une coupe magnifique avec un trait de scie très fin de 2 mm réduisant le gaspillage. Le fini des planches fraîchement sciées était excellent, avec un minimum de stries et de marques de lame, économisant le temps de rabotage et le travail ultérieur.
Comme tous les arbres qui ont vécu leur longue existence à Londres, surtout ceux qui ont survécu à la Deuxième Guerre mondiale, le platane d’Eric Street portait la marque d’une certaine contamination au métal ; il ne portait pas de traces de projectiles, mais avait sa part de barbelés et de clous, bien enfoncés. Tomber sur l’un de ces fragments de métal endommageait la lame et diminuait la qualité de la coupe, mais nous avons réussi à nous limiter à trois changements de lame.
La scierie Wood-Mizer a fonctionné toute la journée sans problème et a produit plus de 60 planches en 32, 38 et 150 mm d’épaisseur, avec des largeurs et des longueurs diverses, le tout bien proprement empilé. Pour un bon séchage à l’air, le bois doit rester sous un abri pendant au moins un an.
En regardant les planches, il est facile d’imaginer des tables basses, des chaises, des tables de salle à manger, des étagères et toutes sortes de beaux objets mettant en valeur ce délicat dessin en dentelle. Le vieux platane d’Eric Street a entamé sa deuxième vie !
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