L’arrivée d’une LT20B fait renaître une grande propriété en Allemagne

Cette scierie LT20B était prévue pour les propres besoins des propriétaires mais, au bout d’un an, elle fonctionne depuis la moitié du temps pour scier le bois de clients. 

Sylko Schlenstedt (50 ans) et sa famille possèdent une grande propriété dans la Saxe, près du village de Hohenölsen-Kleindraxdorf. Ce petit village de 630 âmes a été fondé en bordure d’une mine d’argent, voilà 650 ans. 

Le domaine a appartenu à une famille noble – la branche aînée des von Reuß. Après la deuxième guerre mondiale, et jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989, il représentait l’un des kolkhozes (fermes collectives) du régime communiste, et les parents de Sylko Schlenstedt y travaillaient. Enfant, ignorant du contexte politique, Sylko a joué dans les donjons, les caves et les meules de foin, comme dans un grand parc d’aventure. En 1998, le domaine en ruine a été mis en vente et sa femme a pris la décision de l’acheter.

Après avoir bataillé pour réunir les fonds, Sylko et sa femme ont réussi à concrétiser l’acquisition. Néanmoins, une fois l’euphorie dissipée, ils se sont rendu compte qu’il leur faudrait une vingtaine d’années pour remettre le lieu en état, en renonçant à tous leurs loisirs. 

Intéressés, mais absolument pas décontenancés, leurs deux fils ont rejoints le projet, réalisant que le proverbe chinois « ce n’est pas le but qui compte, mais le chemin parcouru » revêtait soudain un sens très concret. Il est assez simple de voir que le domaine, même pour une famille en développement, est trop grand. À elle seule, la toiture représente mille mètres carrés.

Cependant, l’idée à fait son chemin. Ils avaient besoin d’espace pour la famille, les amis, et pour le club de motards « The Dark Forces », fondé en 1992 par Sylko, fan de Harley-Davidson. Ainsi, cinq familles vivent sur le domaine et travaillent à la restauration de la demeure historique et des bâtiments datant principalement du XIXe siècle. Sylko travaille comme chauffeur poids lourds de 7 h à 19 h, tout en planifiant le travail à faire sur le domaine. Robert et Bastian, les fils, sont tous deux métallurgistes et travaillent dans de petites entreprises de la région. 

Après leur journée de travail, tous, femmes comprises, loin de s’installer devant la télévision, montent des murs de briques, scient du bois et réalisent les différentes tâches nécessaires sur le domaine, jusque tard dans la nuit. Les débuts ont été laborieux, avec la réfection des toits et le nettoyage général. Il a fallu des mois pour gratter l’épaisse couche de chaux des toits voûtés. Fort heureusement, des volontaires sont venus à la rescousse, certains pour quelques semaines, d’autres sur plusieurs mois. 

Les membres du club de motards ont récupéré les planches et les poutres d’un ancien pont en bois à l’abandon, qui a donc été démonté et converti en véranda dans la cour principale. C’est là qu’ils viennent s’asseoir, l’été, pour parler Harleys ! 

Le bois d’œuvre nécessaire pour le domaine a soulevé un problème intéressant, dans la mesure où les dimensions standard disponibles sur le marché ne conviennent pas pour la restauration de ces bâtiments anciens. Le fait de commander des coupes aux dimensions voulues entraînait des coûts inutiles et des complications. Il arrivait souvent, sur une restauration particulière, que le chantier soit arrêté dans l’attente de quelques planches commandées à une scierie. 

De façon assez logique, cette situation les a menés à prendre la décision de scier eux-mêmes leur bois d’œuvre aux cotes voulues et au fur à mesure des besoins, avec une économie prévisible à moyen terme. D’ailleurs, le prix des billes était assez avantageux. 

Après quelques recherches, le choix s’est porté sur une scierie à ruban Wood-Mizer dans une gamme intermédiaire, la LT20B. Si le système hydraulique de chargement leur était inutile, puisqu’il y a déjà plusieurs engins pour la manipulation des matériaux sur le domaine, les Schlenstedt et leurs amis tenaient aux capacités de déplacements motorisée des billes sur le banc. Le prix de la scierie était également un avantage indéniable : 10 000 €. 

Maintenant, lorsqu’ils ont besoin de lattes, de voliges, de planches ou de poutres, ils posent une bille sur la scierie, la coupent aux dimensions voulues et poursuivent le travail sans interruption inutile.

La scierie était prévue pour leurs seuls besoins propres mais, aujourd’hui, un an plus tard, elle fonctionne la moitié du temps pour scier le bois de clients extérieurs. Ceci constitue une nouveauté dans les activités du domaine, et une source de revenus supplémentaire. 

Wood-Mizer a récemment développé la LT20B en combinant les caractéristiques de deux scieries existantes, une petite et une intermédiaire. L’idée était de répondre aux demandes de certains clients, qui utilisaient de petites scieries pour des travaux plus exigeants et souhaitaient disposer de fonctions supplémentaires sans avoir besoin d’acquérir une version beaucoup plus coûteuse. 

L’« imposante » LT20B des Schlenstedt va trouver sa place dans une ancienne étable, avec l’espace nécessaire pour y entreposer la scierie, un chariot élévateur et les billes. Le premier contrat extérieur pour la scierie a consisté à débiter 100 m³ de pin. 

À terme, la famille vise à devenir complètement indépendante et autonome, en s’appuyant sur leurs étables, leurs cultures, de l’énergie solaire et sur les revenus du sciage et de la vente de bois de chauffage. 

Beaucoup d’hommes rêvent d’avoir une moto, souvent une Harley-Davidson. Les Schlenstedt en ont plusieurs sous un hangar, à côté d’une Norton joliment restaurée… sans compter la vieille MZ/RT suspendue au plafond dans la chambre de Bastian ! 

Les motards des Dark Forces se retrouvent deux fois par semaine dans le club house, un ancien bâtiment restauré sur le domaine. Deux fois par an, ils organisent une grande fête pour 300 à 400 invités : alors, l’air vibre au son des motos, le rock secoue le domaine et l’hydromel coule à flots. Leur prochaine réunion « thrash » est annoncée pour le 27 novembre, www.dark-forces-mc.de/gera. 

Un homme doit avoir une mission dans sa vie et, comme le dit très justement un proverbe de chevaliers, « Siegen kommt nicht vom Liegen » (le succès ne vient pas à celui qui dort). Toute sa famille est d’accord avec ce précepte, et Sylko est un homme heureux.

***