Fabrication de meubles en bois massif en Basse-Saxe, Allemagne

Les grosses billes sont souvent moins chères mais aussi plus difficiles à manipuler ; ainsi, seuls quelques menuisiers sont capables de les travailler. Pourtant, ces difficultés n’ont pas arrêté Jan Narten, un jeune menuisier allemand qui travaille des billes de gros diamètre et fabrique des meubles uniques en bois. 

À l’entrée de l’atelier de menuiserie de Jan Narten, dans le charmant petit village de Stemmen, dans le district de Rotenburg an der Wümme, se dresse une impressionnante pile de robustes planches de chêne. Si Jan Narten accueille ses visiteurs avec un sourire cordial, son entreprise a bien plus à offrir à ses clients que de simples produits en bois. 

Jan s’est rendu compte que peu de menuisiers s’intéressaient ces grosses billes ; leur transport étant trop compliqué et leur sciage trop laborieux. Travailler avec des grumes atteignant jusqu’à 140 cm de diamètre et pesant plusieurs tonnes présente cependant deux avantages majeurs : de telles billes sont relativement peu coûteuses à l’achat et elles permettent de réaliser des produits dotés d’une valeur ajoutée exceptionnelle. 

Mais reprenons du début… À la fin de ses études, Jan a tout juste 20 ans et il débute, comme sous-traitant pour différentes entreprises, en faisant principalement de l’assemblage. Ce fut une période durant laquelle il a beaucoup appris. Mais, au fil des ans, l’idée de lancer sa propre entreprise l’a conduit à la menuiserie dans sa forme la plus raffinée. 

Un ancien camarade d’école, aujourd’hui exploitant forestier, lui a dit lors d’un échange : « Si un jour, je me construis une maison, je veux que tu me fasses une cuisine en aulne. » C’était une conversation ordinaire entre amis, autour d’une bière. Cependant, comme le sujet revenait régulièrement, les amis ont un jour décidé que le moment était venu de se lancer ! Ils ont alors entrepris de construire une cuisine en bois d’aulne qu’ils débiteraient eux-mêmes. 

La première étape consistait à trouver une bonne scie. La solution est apparue dans une vidéo postée sur YouTube qui présentait une scie à ruban Wood-Mizer LT20.

En 2015, Jan installe une scierie stationnaire LT20 à moteur électrique dans son atelier et, avec un enthousiasme croissant, il se met à produire du bois d’œuvre pour les travaux de menuiserie de son entreprise. Les billes les plus lourdes sont alors manipulées à l’aide d’un robuste chargeur de grumes. Le bois fraîchement coupé est tout d’abord séché à l’air, placé sur quatre grandes remorques basses, puis conduit jusqu’à un four à biogaz pour le séchage final du bois. 

Dans son entreprise, Jan fabrique tous types d’ameublement sur-mesure, des meubles télé aux meubles de salon, en passant par les placards de cuisine. Ses clients sont pleinement investis dans la conception des projets. Chaque détail est discuté. Le client choisit le style, les essences et les planches qui entreront dans la fabrication du placard, de la table ou du lit. Il peut même apporter son propre bois. L’enthousiasme de Jan est communicatif, et il profite à la relation entre le client, le menuisier et le meuble. 

Jusqu’à récemment, les grands et impérissables plateaux de table à bords naturel étaient encore minutieusement taillés à la main dans d’imposants troncs d’arbres. Après 26 heures en séchoir et plusieurs jours de traitement, ils étaient travaillés à la perfection avec une tronçonneuse et une ponceuse à parquets. Mais depuis 2021, ce travail est effectué par la nouvelle scierie de Jan. Il s’agit de la Wood-Mizer LX250, capable de scier d’épais plateaux d’une largeur pouvant atteindre 140 cm.

Une autre machine, la Wood-Mizer MB200 SlabMizer, permet de surfacer et de poncer les grandes surfaces de bois, jusqu’à 142 cm de large. Désormais,l’ancien chargeur dépose les grosses billes sur le banc rabaissé de la scierie LX250 dont la tête de scie à large dégagement est guidée par deux rails. La LX250 peut aisément scier de grandes grumes en plateaux bien nets. L’opérateur n’a littéralement besoin que de quatre doigts pour contrôler le joystick et le potentiomètre de l’avance de la tête. La finition de la surface est ensuite réalisée en une seule opération grâce à la SlabMizer. 

Les touches de finition prennent en revanche beaucoup plus de temps. Jan connaît l’origine de chaque planche présente sur son lieu de travail. Sur demande du client, la provenance du bois peut être gravée au laser sur les meubles fabriqués à partir de celui-ci. À l’aide d’un smartphone, les clients peuvent ensuite visualiser l’endroit où a poussé l’arbre dont est extrait leur lit, leur meuble de cuisine ou leur table. Les clients adorent ce service personnalisé. Le « bois de rebut » – récupéré lors de la démolition de maisons à colombage, d’anciens ponts en bois ou autres vieilles constructions – constitue un autre matériau de base essentiel. 

La scierie LT20, avec ses lames étroites à trait de scie fin peu onéreuses, permet de produire plus de planches et moins de sciure que les tronçonneuses ou grandes scies circulaires traditionnelles, prouvant ainsi d’ores et déjà son utilité. Jan peut être comparé à un bon chef cuisinier capable d’exploiter ces précieux déchets de bois. Tout est bon à prendre ! La quasi-totalité des chutes et de la sciure est réutilisée. On peut les retrouver dans un cadre de miroir rustique unique, ou dans un plan de travail en résine époxy. Il s’agit d’un travail complexe qui laisse peu de place à l’erreur, et dont le prix de vente augmente en fonction de la perfection de son exécution. Dans le même temps, Jan veille soigneusement à ce que le bois ne soit pas entièrement noyé dans la résine, mais qu’il reste tangible dans sa structure, assurant ainsi un rendu exceptionnel et agréable. 

Pour Jan, une table n’est pas juste une table, mais un meuble qui permet aux gens de manger, de jouer et de passer du temps ensemble. Cette philosophie transparaît dans l’ensemble de son travail. Les chambres qu’il produit sont une oasis de bien-être, fabriquée en chêne, en aulne ou en cèdre. Les lits sont entièrement fabriqués en bois et ne contiennent pas de métal. Même les assemblages des cadres ne comportent ni vis, ni traverses, ni quincailleries. Par conséquent, l’esthétique et la qualité sont constamment au centre de ses préoccupations. 

Les salons d’exposition sont situés dans la cour de l’entreprise et, parfois même jusque dans le domicile de Jan. Ce qui, par le passé, semblait être un inconvénient, est aujourd’hui la marque de fabrique de son succès. Cette ouverture, cette créativité protéiforme et l’amour investi dans ses projets sont à l’origine de la confiance qui est accordée à Jan et distingue son atelier des autres entreprises. Cela explique également la devise de son entreprise : « Plus que du bois. » 

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